Test Life is Strange 2 : une suite engagée et engageante

Jeux Vidéo Publié par Violaine le


L'avantage de tenir un blog jeux vidéo pour le kiffe et non pour le flouze, c'est qu'on se fout pas la pression. Enfin presque pas. Du coup, j'me suis pas spécialement pressurisée à te sortir un test par épisode de Life is Strange 2. J'en ai même jamais reparlé ici depuis mon article sur son deuxième épisode : "Rules". Eh bah oui, bah oui, j'ai un boulot, des trucs chiants de trentenaire à faire et deux chats à nourrir, m**** quoi. Et puis, il faut aussi avouer qu'à partir du 3ème épisode, Life is Strange 2 m'a un peu moins emballée. J'avais pas grand chose à dire dessus en fait. Pour autant, maintenant que j'ai fini cette nouvelle aventure du studio DONTNOD, j'ai très très envie de t'en parler.

Alors, le studio français a-t-il réussi à faire honneur au tout premier Life is Strange (si cher à mon coeur) ? Certainement. De là à dire que cette suite est à la hauteur il n'y a qu'un pas... Mais allons-y à pas de loup si tu veux bien.

Tu remarqueras que je n'ai pas du tout évoqué Life is Strange : Before the Storm. Dois-je vraiment t'expliquer pourquoi ? Vas lire mon test de Before the Storm malheureux. 

J'oubliais : évidemment, cet article contiendra des spoil sur l'ensemble des épisodes à l'exception du tout dernier. Enfin, pour le tout dernier je tacherai d'être beaucoup plus subtile disons ;) 

Very Bad Trip à Seattle

Sean et sa meilleure amie Lyla

Avant de rentrer dans le vif du sujet, revenons un peu sur l'histoire. Nous nous téléportons en 2016 - soit quelques années après LIS premier du nom - peu après l'élection de Trump. Détail qui a son importance pour la suite. Dans la banlieue de Seattle vivent les Diaz, une petite famille monoparentale solidaire et équilibrée, chez qui Super Nanny se ferait drôlement ch***.

Tu te prénommes Sean Diaz, 16 ans, né de père Esteban Diaz et de mère inconnu disparue.  Bières, weed, chips, capotes... Tu prépares le kit parfait pour passer THE soirée où tu vas enfin pouvoir pécho Jenn, amie de ta meilleure pote Lyla. Pendant ce temps, Daniel, ton petit frère, joue seul dans le jardin. Alors que tu es dans ta chambre à écouter du bon son (The Streets - On the flip of a coin) et traîner sur messenger avec ta BFF, Daniel se fait agresser par son voisin raciste. Comme une partie des américains (ceux qui soutiennent Trump en fait), il déteste les mexicains. Tu vas prendre la défense de Daniel et là ça part en vrille comme jamais. Le voisin se tue accidentellement, les flics arrivent, et alors qu'on s'était déjà attaché à Esteban, celui-ci se fait tirer dessus gratuitement en prenant la défense de ses fils. Daniel hurle et une sorte de vent violent emporte violemment le policier qui a tiré. Ecran noir.  Je pousse un "WOWOWO il s'est passé quoi LA ???" Et ça fait même pas une heure que je joue. Autant te dire que rien que me repasser ces images me déchire le coeur. Un peu brutal et un peu cliché comme intro je te l'accorde. Cela dit, ce genre d'abus de pouvoir et d'actes gratuits arrivent malheureusement toujours aux Etats-Unis de nos jours...

Comme tu l'auras deviné Sherlock, Sean se retrouve contraint de fuir avec Daniel et son sac à dos remplis de chips, weed, bières et capotes. Et là tu comprends enfin pourquoi on t'a laissé à chaque fois le choix entre des chips ou des p***** de barres céréales, et entre des bières ou des p***** sodas. Tu te dis que s'il n'y a aucun livre "Survivre en pleine nature avec une boîte de capotes" c'est peut-être qu'il y a une raison. Mais Sean a bien mieux que ça pour te sortir des pires galères : le super-pouvoir télékinésique de son frère Daniel, qui rappelle un peu celui d'Eleven. Rien à voir mais si tu t'es jamais amusé à taper "télékinésie" sur Youtube, fais-le c'est drôle. Y'a même des mecs qui font bouger des Kinder avec leurs yeux.

Bois tes bières sans pression

Tu vas en manucurer de la weed, et plus vite que ça !

Pendant les deux premiers épisodes, ce genre de chantage et dilemme fonctionnait sur moi. Je culpabilisais à moooort d'avoir opté pour des capotes et des bières et était convaincu que j'allais devoir apprendre à Daniel à boire sa propre pisse en la filtrant à l'aide d'une capote. Je me foutais une pression monstre au moment de choisir si je devais garder de l'argent pour plus tard ou acheter un duvet pour que Daniel ait bien chaud. Lui payer un macdo ou plusieurs boîtes de raviolis... Et puis j'ai compris qu'en fait on s'en foutait pas mal et que ça n'allait pas l'empêcher de tomber malade. Que veux-tu, même avec la meilleure volonté du monde, la vie est une chienne.

Ok cessons de rêver, le jeu vidéo sur mesure aux milliers d'embranchements n'existe pas encore (oui je sais Quantic Dream, tu as voulu t'en rapprocher avec Detroit Become Human, c'est bien, mais c'est pas encore ça). A vrai dire, si des développeurs ont commencé à bosser sur un projet de cet envergure, il ne devrait pas voir le jour avant une dizaine d'années. J'sais pas, j'suis pas conceptrice de jeux vidéo hein, mais j'imagine. Bref. Comme le premier du nom, Life is Strange 2 propose des choix moraux très difficiles et intéressants... Mais on n'en voit pas toujours les véritables conséquences et c'est bien dommage. Par exemple, la gestion des tunes très présente dans les premiers épisodes disparaît presque totalement par la suite. Evidemment, je m'attendais pas à des mécanismes dignes d'un survival, mais tout de même à être un peu plus en dèche et payer le prix de mes mauvaises décisions ! Bon, en même temps, il faut dire que ça n'est pas en manucurant de la weed dans une ferme illégale dans l'épisode 3 que nos deux loups allaient manquer d'argent. Surtout quand (virtuellement hein) on excelle comme moi dans ce domaine ! Ma progression a été bien plus rapide que pour la manucure des orteils IRL.

Sean et con

"Lâche cet arbre foutu nain !"

Contrairement à son prédecesseur, Life is Strange 2 met le super-pouvoir au second plan en l'attribuant à Daniel, personnage non jouable de l'histoire. C'est couillu, innovant, intéressant même... Mais du coup tout est entre les mains d'un enfant de 9 ans. Qui forcément, va vouloir se la péter comme tous les enfants (comment ça j'aime pas les enfants ?!) avec son super-pouvoir. Et malgré la très belle relation qu'entretiennent les deux fères, notre petit "Enano" - surnom affectif donné par Daniel, bon en français ça fait "nain" c'est moins mignon - va souvent n'en faire qu'à sa tête. Si bien qu'en bon fugitif que tu es, tu vas faire super gaffe en refusant à Sean tout contact avec sa meilleure amie, toute mise à jour sur son facebook pour qu'au final, son petit Enano, ce petit NAIN MERDEUX fasse tout foirer...

Sans oublier les fois où même Sean trahit tes propres choix. Pensée spéciale pour ce moment où après que tu aies refusé d'aller au marché de Noël, Sean finit quand même par céder et y aller avec Daniel ! Résultat : pour 3 pauvres marrons chauds et une punk à chien qui chante tu te retrouves de nouveau poursuivi par les flics alors que tu te planquais tranquille chez papy et mamie. Su-per ! Bon c'est pas plus mal hein, ce qu'on veut c'est de l'aventure, pas aller à la messe tous les dimanches.

Les frères Diaz et leur maman Karen. Un trio de courte durée très touchant

J'ai eu plus d'une fois envie de coller une tarte à Daniel, mais en bon grand frère j'ai pris sur moi. On n'échappera bien évidemment pas à plusieurs engueulades entre Sean et Daniel, mais tout de même moins marquantes que tous les moments de dialogues à cœur ouvert et échanges de souvenirs entre les deux frères. Sean est très touchant dans son rôle de grand frère, avec une bienveillance à toute épreuve. Pascal le Grand Frère peut aller se recoucher. On adore démarrer chaque épisode avec le petit récapitulatif de l'histoire de nos deux loups, racontés et dessinés par Sean. En fait, l'écriture des personnages de Daniel et Sean est tellement riche qu'on leur pardonnera toutes ces petites trahisons. Il faudrait être un monstre pour ne pas éprouver de l'empathie pour eux tout au long du jeu. Mais n'oublions pas non plus nos personnages secondaires tout aussi attachants, comme notre adorable Captain Spirit, les grands-parents mais aussi Karen, la mystérieuse maman disparue et détestée pendant tant d'années qui resurgit à l'épisode 4, ou encore Brody, sosie de Seth Rogen dont je vous parlais au premier épisode. Chaque épisode est riche en rencontre et en rebondissements. Avec une petite exception : l'épisode 4 dans la secte religieuse dont on pourrait carrément se passer.

Le plus long voyage

C'est pas magnifique ?

Visuellement, on retrouve le style graphique si particulier de Life is Strange légèrement amélioré. Et là on aime ou on aime pas. Pour ma part, je craque toujours autant pour sa direction artistique et ses graphismes façon aquarelle. Le petit plus par rapport à son prédécesseur, se trouve dans la variété de décors (et de pécores) que nos deux frères seront "contraints" de traverser pour le plus grand plaisir de nos mirettes. Quand les déplacements de Maxine se limitait à Arcadia Bay et son campus, la route de Sean et Daniel sera ponctuée de neige, de magnifiques levers et couchers de soleil, de lacs, de sentiers de randonnée, de vieux motels et stations essence, ou encore de déserts. En 15h de jeu, crois-moi tu vas en voir du pays !

Là où certains fans de Life is Strange pourraient être déçus, c'est côté bande-son... J'ai eu la sensation que les musiques étaient beaucoup moins présentes dans Life is Strange 2, malgré un premier épisode avec quelques références sympas. Cependant, en y réfléchissant, c'est sans doute pour nous pousser à nous focaliser davantage sur l'instant présent. Et ça marche. Au fil du jeu, on prend un véritable plaisir à prendre le temps de dessiner les paysages sur le petit carnet de Sean, à écouter les sons de la nature et les pensées de Sean qui se dévoilent au fil des épisodes.

Si Sean avait continué sa vie normale au lycée, il aurait sans doute, à l'instar de Maxine, pu continuer à se balader avec ses écouteurs et nous faire découvrir son univers musical. Ici, finalement, ça n'a plus vraiment sa place. La musique, très présente dans le premier opus, laisse ici la place à une plus grande introspection. Et après tout, c'est ce qu'on cherche en voyage, non ? Au fil de l'aventure, le gameplay laisse de plus en plus place à de nombreuses cinématiques. Pose moi cette manette et savoure-moi cette belle expérience narrative.

Le calme après la Trumpette

Quand on me demande si j'ai préféré Life is Strange 2 à son prédecesseur, j'ai énormément de mal à répondre... Après les premiers épisodes je disais "je pense que je vais largement préféré ce second opus", mais je me suis ensuite rendue compte que j'avais juste la mémoire courte. J'ai un peu oublié et donc fini par minimiser le moment magique que j'avais passé avec Maxine à l'époque. Mine de rien, c'était il y a plus de 4 ans !

Cependant, je dois tout de même reconnaître que je ne leur trouve ni les mêmes qualités, ni les mêmes défauts. Et finalement, c'est plutôt positif, non ? Quand le dénouement de Life is Strange m'avait énormément choqué et surprise, celui de Life is Strange 2 m'a paru ultra prévisible. Dans Life is Strange premier du nom, j'étais très frustrée de découvrir que seul mon choix final (qui plus est ultra manichéen) allait déterminer ma fin - et il n'y en avait que deux. C'était presque comme renier tous les choix faits auparavant. J'étais déjà plus satisfaite de voir que Life is Strange 2 proposait deux fois plus d'alternatives.

Contrairement à son prédecesseur, Life is Strange 2 ne te laissera pas forcément écrire la fin de l'histoire cette fois-ci. Pour ma part, mes choix m'ont rattrapé et j'ai sans doute manqué de fermeté avec Daniel lors des précédents épisodes. Si "ma" fin m'a énormément frustrée au moment du premier générique (nous pourrons en discuter en MP, sur ma page facebook, en commentaire, ou pigeon voyageur si vous voulez :)), après réflexion j'ai trouvé ça plutôt malin de la part du studio. Après avoir pu tester ou regarder toutes les fins, je peux te dire que le final est dans tous les cas très émouvant. Il y a fort à parier que tu y laisseras quelques larmes.

Rentrez à la maison

Mais surtout, n'oublions pas l'une des grandes forces de Life is Strange 2 : son écriture qui ne s'interdit rien, à l'image de nos deux frères ultra touchant par leur courage et leur détermination. Life is Strange 2 ne fait, certes, pas dans la subtilité pour faire passer son message. Mais le cliché du "rentrez chez vous" - qu'on aura l'occasion d'entendre plus d'une fois pendant le jeu - est malheureusement toujours aussi présents, aux Etats-Unis comme en France. Le petit dernier de DONTNOD a au moins le mérite de s'inscrire dans notre contexte politique actuel. Une fois de plus, le studio français a choisi d'aborder des thématiques encore trop peu traitées dans le jeu vidéo comme celles du racisme, du port d'armes ou de la justice à deux vitesse. N'en déplaise à quelques trolls ou écervelés fans de Trump errant sur un certain forum de jeux vidéo.

Note globale

16/20

Tu l'auras compris, cette suite est bien évidemment à la hauteur, mais manque encore un peu d'ambition au niveau des choix & conséquences. Si un Life is Strange 3 est prévu, j'en attends plus ! Et toi, ton avis sur Life is Strange 2 ? A la hauteur ? Carrément en-dessous ? Meilleur que le premier du nom ? Attends-tu une suite

Les plus :

  • Une DA toujours aussi soignée
  • La variété de décors
  • L'écriture des personnages très riche
  • Une bonne durée de vie (environ 15h)
  • L'ancrage dans notre contexte politique actuel
  • Les nombreuses références geeks et pop culture
  • Plusieurs fins possibles
  • Un final émouvant quelle que soit la fin
  • Tu auras droit à ton petit clin d'oeil à LiS 1, ouiouioui !

Les moins :

  • L'attente un peu trop longue entre chaque épisode
  • Le jeu manque parfois de réalisme
  • Une répartition inégale entre les épisodes, les derniers étaient trop courts
  • Un 4ème épisode clairement en-dessous du reste
  • Le manque de conséquences
  • Un gameplay très peu présent sur le dernier épisode
  • Les décisions les plus importantes n'appartiennent pas au joueur

Partage cet article !

Tags associés :
Life Is Strange

Violaine

À propos de l'auteur de l'article : Violaine

Licorne en chef de Geekmick. Tombée dans les jeux vidéo à 8 ans avec Robocop Vs Terminator sur Megadrive et Tomb Raider sur PC. Aime ses chats Chappie et Balec. Particularité : humour gras, références douteuses et fâcheuse tendance à ponctuer toutes ses phrases de gros mots. Expression fétiches : "comme ma bite" "comme ma chatte" "c'est ce qu'il m'a dit hier" "balec" "putain" "bordel de cul". Secret honteux : Tous ses amis lui offrent des licornes mais en vrai à la base, elle cherchait juste un truc kitsch pour le logo de Geekmick.

Commenter cet article

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Partager cette page