Test : Life is Strange épisode final m'a polarized !
Jeux Vidéo Publié par Violaine le
Aucun besoin de confirmer que Life is Strange est une pure bombe scénaristique. Les quatre premiers épisodes de Life is Strange avaient déjà fait tout le taf ! Mais tel Icare, les studios Dontnod ont-ils pu se brûler les ailes avec ce cinquième épisode, à vouloir voler trop près du soleil ? Je vous arrête toute de suite, la réponse est non. Notre Maxine, en revanche...
Précision utile : j'éviterai au maximum de spoiler dans cet article, mais il y aura sans doute des suggestions qui pourront largement être interprétées. Donc, si vous n'avez pas joué au moins aux quatres premiers épisodes et que vous comptez le faire, éviter de lire plus bas. :)
Polarisé(e) ?
Mais ne vous êtes-vous pas demandé "Pourquoi ce nom ?" ? Moi si. Okok, le thème c'est la photo, Maxine utilise des Polaroid et "polaroid" est une appellation commune pour filtre polarisant... Mais quand même il y a peut-être autre chose.
Alors j'ai eu envie de faire d'la recherche (Droupix, je crois que t'es contagieux !).
Polarisé(e) ? Est-ce parce que dans cet épisode Maxine polarise toute l'attention ? Peut-être bien. Ou bien parce que tout au long de l'épisode, vous allez devoir faire vibrer votre manette tel un champ magnétique pour mieux percevoir une précieuse photo ? Ou est-ce parce que vous polarisez des électrodes tel euh... Là j'ai lâché l'affaire.
Une chose est sûre : dans cet épisode final il y en a un qui, derrière ses allures de beaugosse sympa (toujours se méfier des barbus, comme dirait l'autre), est bien décidé à polariser notre Maxine en absorbant toute sa lumière et sa naïveté pour en faire un parfait modèle à exposer dans sa Dark Room.
Mais ce qu'il ne sait pas, c'est que notre Super-Héroïne a bien évolué en une semaine, et ses pouvoirs aussi !
Après une petite semaine (quatre jours précisément, chaque épisode dure 24h) d'enquête lugubre passionnante (bien que conclue de façon plutôt foireuse), on retrouve notre Maxine victime de son jugement erroné, qui se retrouve otage d'un psychopathe insoupçonné. Mais bien bien vénère, celle-ci ne compte pas terminer l'aventure comme cela.
Non, il lui reste deux trois trucs à faire comme Sauver le Monde, par exemple, et sauver une des personnes les plus chères à ses yeux, mais ça à côté ça paraît easy. Mais s'il y a bien une chose que l'on a compris dans Life is Strange, c'est qu'il ne faut pas se fier aux apparences.
Le mythe d'Icare de Maxine
Alors, à l'aide d'une nouvelle capacité récemment découverte, celle de pouvoir retourner à un moment précis de sa vie à l'aide d'une photo, notre Super-Héroïne se lance dans un grand parcours semé d'embûches, de remords, de bons et de mauvais souvenirs.
On l'apprenait déjà à nos dépens dans le deuxième épisode 'Out of Time' (et dans le film l'Effet Papillon) avoir le pouvoir de voyager dans le temps ça a l'air trop cool mais c'est dangereux... et pas illimité. Tout comme la drogue que lui inflige son preneur d'otage.
Après un ou deux voyages easy, et de très (trop) bonnes perspectives d'avenir, notre héroïne va en connaître les frais. La nature reprend toujours le dessus. S'ensuit une toute autre phase de jeu qui prend une allure encore plus dark pour complètement virer au psychédélique.
Dontnod nous plonge alors dans une ambiance stressante et brouillée, voire anxiogène, nous file le tournis tout en réussissant çà nous décrocher un petit rire de temps en temps. Musique et dialogues à l'envers, petit clin d'oeil à l'énigme fastidieuse où l'on doit aller chercher des bières dans 'Out of Time', couvertures de magazines douteuses, voix qui nous parlent en simultané, Syndrome de Stockholm... On nous glisse 2-3 surprises et références ça et là et l'on ne sait plus bien faire la différence entre réalité et hallucinations.
On se retrouve alors en pleine boucle temporelle où tout et n'importe qui va se transformer en menace. C'est bien connu, la science n'aime pas trop les paradoxes, et Maxine en a créé un.
A cette phase du jeu, j'ai découvert que je pouvais rester en apnée pendant une heure (peut-être plus, peut-être moins, de toute façon le temps s'est arrêté).
En fait, on a pour ainsi dire l'impression de nager en plein bad trip en plein coeur du cerveau de notre jeune héroïne qui va prendre en pleine tarte toutes ses décisions prises dans le passé. Et d'ailleurs, si certains déplorent l'absence d'impacts pour les petits choix, au contraire ce sont à travers de petites subtilités que l'on pourra mesurer leur ampleur. Même si le dénouement final restera plus ou moins le même pour tout le monde.
Eh oui, tel Icare qui a voulu trop près du soleil, notre Maxine joue un peu trop près du temps à force de vouloir satisfaire tout le monde et créer SA réalité parfaite. Pouvoir ou non, elle va devoir faire des compromis, aussi bouleversants et impensables soient-ils.
Back to the future
Opter pour le choix égoïste et insouciant ou pour le choix humaniste et responsable ? Dur poids à porter pour notre attachante photographe en herbe, qui prenait un selfie en cours 5 jours plus tôt.
On y revient à cette bonne vieille théorie du chaos. On nous avait pourtant bien laissé des indices rien que dans le titre de l'épisode 3, Chaos Theory, et tout au long des épisodes :
Le battement d'ailes d'un papillon au Brésil peut-il provoquer une tornade au Texas ?
Oui.
Nan mais on croyait quoi ? Qu'on allait faire 2-3 voyages, tout régler, accuser les méchants, démarrer une carrière de photographe et que tout le monde allait finir heureux ? Si on subissait déjà 2-3 maux de crâne avec impossibilité d'utiliser notre pouvoir dans l'épisode 'Out of Time', dans 'Polarized' on se prend l'impact de notre petite altération du passé, ou plutôt du destin, en pleine figure.
Avec un dénouement finalement prévisible, même si on avait pas envie d'y croire, et inévitable, Dontnod réussit à me (nous, hein ?) tirer la larmichette comme un jeu ne l'avait jamais fait auparavant. Aussi ému de ce dénouement que d'avoir déjà fini une si belle aventure scénaristique. Et sans doute une des meilleurs, pour ne pas avoir peur de dire LA meilleure du jeu vidéo. Une pépite du début à la fin !
Bref, si je suis pas vraiment certaine d'avoir élucidé le mystère du titre de cet épisode, une chose est sûre, moi il m'a polarisée ! Je n'ai pas mangé, j'ai répondu "heinhein" quand on me parlait et j'ai pas bougé le petit orteil quand Chappie (miaou) m'a mordu le pied. Et depuis, je me sens un peu vide. Comme si je rentrais d'un long voyage.
- Une bombe scénaristique du premier au dernier épisode
- Les choix qui change de subtils détails dans l'intrigue
- De très bonnes surprises avec une partie complètement psychédélique
- De l'émotion
- Des petits clins d'oeil marrants (celui à la fastidieuse énigme des bouteilles, les couv' de magazines...)
- Une synchro labiale qui laisse un peu à désirer
- Voilààà, c'est fini...
Et non, je ne finirai pas par Lorie - Tu m'as ensorcelé. C'est hors de question !