Test PC - A Plague Tale: Innocence, In-Rat-Able
Jeux Vidéo Publié par Violaine le
Décidément, ils sont chauds les bordelais cette année ! Après le studio Big Bad Wolf et son innovant The Council, c'est au tour du studio Asobo de nous montrer qu'à Bordeaux il n'y a pas que le vin qui rime avec grand cru avec A Plague Tale : Innocence, sorti le 14 mai 2019 sur PC, PS4 et Xbox One.
Il y a 8-9 ans, quand j'ai annoncé à ma mère que je partais faire mes études à Bordeaux, elle m'a dit "tu as de la chance, la ville est bien plus clean maintenant, à mon époque c'était gris et infesté de rats". En 2018, on comptait plus d'un demi-million de rats dans les entrailles de Bordeaux. Est-ce que c'est ça qui a inspiré le studio Asobo pour A Plague Tale : Innocence ? Je sais pas mais si c'est ça, moi j'adore encore plus les rongeurs qu'avant*.
*RIP Pistouille qui m'a suivi jusqu'à Bordeaux, Lola, et tous mes petits hamsters que j'ai chouchouté ou rendus obèses - comment, faut pas les laisser toute l'aprem dans le paquet de graines ?! - selon l'âge et le degré de raison que j'avais. <3
La Belle et la Peste
A Plague Tale : Innocence, c'est une histoire qui aurait remporté le trophée de la VDM à notre époque. Te voici en 1348 dans la peau d'Amicia de Rune, une ado âgée de 15 ans. Si tu penses avoir passé une sale journée, laisse-moi te raconter la sienne : alors qu'Amicia apprend que la France est envahie par les Anglais et que la peste noire se répand dangereusement, des rats affamés envahissent la ville et dévorent tous ceux qui ne sont pas protégés par la lumière. A commencer par son chien.
Attends j'ai pas fini : après avoir vu ses propres parents se faire assassiner devant ses yeux par l'Inquisition, Amicia est contrainte de fuir avec son petit frère, Hugo, âgé de 5 ans et souffrant d'une mystérieuse maladie. Ce dernier est également recherché par l'Inquisition et semble avoir un lien avec tout ce joyeux bordel. Histoire de compliquer un peu plus les choses, Amicia ne connaît que très peu son petit frère. Alors qu'il a été élevé (et surprotégé) par sa mère Béatrice, Amicia a été élevée par son père Robert de Rune, chevalier au service du roi de France, qui lui a appris à chasser et à se débrouiller comme une grande. Impossible pour elle de la jouer solo : désormais Amicia va devoir protéger et nourrir son petit frère, à son plus grand désespoir, qui, heureusement, va peu à peu laisser place à une belle solidarité fraternelle indispensable pour affronter l'Inquisition.
Asobo mène la danse
Tu ne cautionneras probablement pas toujours le comportement d'Amicia et notamment sa froideur vis-à-vis d'Hugo. D'autant plus que, globalement, ce dernier est plutôt mignon, pour un enfant de 5 ans qui vient d'être séparé de ses parents (et Dieu merci, moins bavard qu'Atreus dans GOW). Mais vu tout le poids qui pèse sur ses épaules du jour au lendemain, on ne peut que la comprendre. De toute façon, faisons d'emblée la lumière sur le point faible du jeu, qui n'en est pas vraiment un : si t'es pas content de la tournure des événements c'est pareil, tu n'as pas le choix. Aucune liberté n'est donnée dans les dialogues et la progression du jeu est tout aussi linéaire. C'est Asobo qui mène la danse. Et, ma foi, pour la control freak que je peux être, c'est pour une fois pas si déplaisant de se laisser guider dans un jeu vidéo. En fait, rarement un jeu aussi dirigiste ne m'aura autant captivé !
Ce que je dis peut paraître contradictoire mais ça ne l'est pas tant que ça. Le studio bordelais sait très bien ce qu'il fait. Dès qu'on pourrait commencer à s'ennuyer, un élément perturbateur vient se greffer à l'histoire et/ou une toute nouvelle compétence vient pimenter le gameplay et raviver la flamme.
Ami hardcore gamer, je ne vais cependant pas te mentir : si tu cherches du challenge, tu vas clairement t'ennuyer comme un rat mort. Le gameplay de A Plague Tale est très accessible. Je ne crois pas pas avoir enchaîné plus de 5 game over et - comme le dis l'accroche de mon blog - je ne me considère ni hardcore ni casual. Une fois les patterns des quelques boss assimilés, tu n'auras aucune difficulté à t'en débarrasser. De même, les nombreuses phases d'infiltration laissent quant à elle peu de place à l'improvisation tant les espaces sont confinés. Mais, étonnamment, le plaisir de jouer à A Plague Tale : Innocence règne aussi bien dans son histoire que dans son gameplay. On ne se lasse pas d'acquérir de nouvelles compétences & ruses au fil de nos rencontres avec les différents PNJ.
Avec pour seule arme une fronde, c'est surtout d'imagination dont tu vas devoir faire preuve ! Au fil de ses rencontres, Amicia va apprendre de nouvelles recettes alchimiques très utiles. Les ennemis étant loin d'être des lumières, pour les éliminer, tu auras l'embarrat du choix : détruire leur lanterne pour qu'ils se fassent dévorer par les rats (sans pitié mais efficace), concocter une potion qui attire temporairement les rats à un endroit, envoyer de l'acide sur pour qu'ils soient contraints de retirer leur casque.. Et BIIIM ! Comme tu peux le voir, alors que les rats sont vus comme les ennemis jurés à fuir en début de jeu, ils vont s'avérer de plus en plus utiles au cours de l'histoire... La lumière sera également ton meilleur allié : très malin et original, l'utilisation des braseros pour orienter les rats vers des emplacements stratégiques. Côté compétences, je n'en dis pas plus : Asobo, te réserve de très jolies surprises... Jusqu'à la toute fin du jeu !
Page-turner (presque rien à voir avec Tina)
Si comme moi les jeux vidéo linéaires, tu les aimes ni trop long ni trop court, tu devrais être pleinement comblé par la durée de vie de A Plague Tale : Innocence, qui est d'une petite dizaine d'heures : 11h pour moi, plus pour toi si tu es du genre à regarder l'émission "Un trésor dans votre maison" et tout tatasse à retourner les décors pour collectionner des petites m***** inutiles pour ta progression. Notons cependant, que de nombreux items utiles peuvent être ramassés pour améliorer ton équipement. Si tu adores crafter, ne t'attends cependant pas à des miracles, cet aspect du gameplay n'a pas été très développé. Ce qui sera peut-être une déception pour certains, fut un grand soulagement pour moi : le craft a très vite tendance à me barber, autant que le montage d'un meuble Ikea (d'ailleurs j'excelle dans le montage vite fait, mal fait).
T'es encore en train de te tâter à cause de la faible difficulté du jeu ou de sa linéarité ?! N'as-tu toujours pas compris que toute la richesse du jeu est ailleurs ? Je t'ai déjà parlé de la diversité de son gameplay, mais ce n'est pas tout !
Déjà, A Plague Tale est l'un des rares jeux où les PNJ sont presque tout aussi attachants que les personnages principaux. Un vrai soin a été apporté au background de chacun d'entre eux. Au fil du jeu, Amicia et Hugo vont se constituer une petite bande d'amis sur qui compter, tous plus touchants les uns que les autres. Et la VF (qui est la VO du jeu) de très bonne qualité n'y est pas pour rien ! Saluons au passage le joli travail du studio de doublage français la Marque Rose (et coucou à mon poto qui se reconnaîtra). Il se créé une solidarité si forte entre eux, que les ennemis si charismatiques et menaçants du début du jeu, ne sont plus que kikimous à nos yeux.
Ensuite, si on fait l'impasse sur les quelques chutes de framerate, expressions de visage figées et autres petits détails, A Plague Tale est visuellement très ragoûtant ! Impossible de se lasser les mirettes avec la variété de ses décors mêlant magnifiques paysages verdoyants et ruines jonchées de cadavres suintant.
Mais je ne peux décemment pas faire l'impasse sur l'un des éléments immersifs les plus réussis du jeu : sa bande-son, nom d'un rat ! C'est encore le très talentueux Olivier Derivière (je t'en parlais dans mon test de Get Even) qui est derrière les commandes et il n'a décidément pas fini de nous surprendre. La musique est toujours de circonstance : elle accompagne parfaitement bien la progression du joueur. Un garde est à votre recherche ? La musique s'accélère automatiquement. Un cadavre pour nourrir les rats ? Le son de la vermine dévorant goulûment sa proie sera accompagné du hurlement des violons. Un vrai travail d'équipe qui permet de rendre le cauchemar encore plus réel avec un bon casque audio !
A Plague Tale : Innocence est si captivant qu'il rappelle ses bons vieux page-turner en littérature. Mais si tu sais, ces bouquins qui nous font faire des nuits blanches parce qu'à chaque nouvelle page tournée, on se jure que "c'est la dernière" sans réussir à décrocher. Un peu comme un bon Marc Levy. J'déconne. En fait, A Plague Tale, c'est "simply ze best, better zan ole ze rest" (clic à tes risques et périls).