Test de Dead Synchronicity : Tomorrow comes today sur PS4
Jeux Vidéo Publié par Violaine le
Cette semaine, entre deux Rise of the Tomb Raider, j'ai dévoré un point and click sorti au début du mois sur PS4 (ouaisouais, toujours un train de retard) : Dead Synchronicity : Tomorrow comes today.
C'est le geekubin qui s'est dit que ça me plairait et m'en a fait la surprise alors que je rentrais du boulot avec mon Tomb Raider dans les mains. Point and click + dystopique, ces deux mots ont suffit pour me faire quitter Lara entre deux feux de camp (même si le jeu est ouf hein, mais j'aime prendre mon temps !)
Sorti le 10 avril 2015 sur PC, Dead Synchronicity : Tomorrow comes today avait vu le jour via un projet Kickstarter et avait été globalement bien reçu par les critiques. Si bien que les studios Fictiorama ont développé un prequel à l'ancienne, "The Longest Night". Bon je le conseille quand même à ceux qui parlent couramment la langue de Britney Spears car quand je dis que c'est à l'ancienne c'est que vous devez taper les actions que vous souhaitez faire. Du coup, bah moi je me suis vite retrouvée avec des "I don't understand what you just said". Bon.
Mais bref, aujourd'hui, ce qui nous intéresse c'est Dead Synchronicity : Tomorrow comes today. Soit demain vient aujourd'hui. Ça veut pas dire grand chose, mais c'est aussi le nom d'une musique de Gorillaz. Et comme Gorillaz c'est sympa c'est que ce je vous propose d'écouter en me lisant.
Et si tout se passe bien Tomorrow comes today ne devrait pas être le dernier puisque Fictiorama espère lui financer une suite.
Ceci n'est pas un cauchemar
Vous vous réveillez après un long dodo dans la peau d'un certain Michael, pas vraiment certain de s'appeler comme ça. Dur retour à la réalité dans une caravane avec un parfait inconnu à votre chevet. On vous apprend qu'on vous a retrouvé inconscient et sans papiers suite à "la Grande Vague", un événement cataclysmique avec lequel votre mémoire s'est à priori envolée. Dans le jargon du camp de concentration de réfugiés dans lequel vous (sur)vivez, on appelle ça une "tête vierge".
Vous voilà livré à vous-même dans un monde post-apocalyptique, cruel et sombre dans lequel vous allez devoir vous faire une petite place parmi :
- Les "taupes" : des réfugiés prêts à faire de la délation pour bénéficier d'avantages (sortir du camp pour aller en ville et d'autres passe-droits)
- Les "déliquescents" : ceux que l'on cache du regard des "taupes". Coupés du monde et victimes d'une mystérieuse maladie soit-disant contagieuse qui les transforme en liquide en phase terminale, ces derniers sont fuis et craints, voire détestés du coup, comme la peste.
- Les soldats : ceux qui gèrent les entrées et sorties du camp ainsi que les couvre-feux en ville et n'hésiteront pas à habiller leur mur de la honte de votre sang à la moindre occasion.
- Les Brigades du Nettoyage : celles qui vous embarquent en quarantaine au moindre soupçon sur votre état de santé ou à la moindre dénonciation d'une taupe.
- Les lions, les gangsta, comme toute la bande du "Chasseur" : un (sale) type qui a profité de la Grande Vague pour prendre le pouvoir sur le camp et y créer son petit commerce noir.
Et comme le dit si bien notre "Chasseur", "les lions mangent les agneaux", alors vous savez ce qu'il vous reste à faire pour survivre. A part ça, il n'y a pas d'eau, pas d'électricité et le monde pue la dépression. Bienvenue dans la dystopie.
Avis aux amateurs de planches ! Dead Synchronicity est d'une esthétique en 2D vraiment singulière, qui ne met pas tout le monde d'accord, mais est loin de laisser indifférent. Personnellement j'ai très vite accroché à son style graphique qui colle très bien à l'univers. Certaines scènes sont même découpées façon planches de BD. Le tout sur fond de décors assez sombres et abstraits ("mais j'adoooooooore l'abstrait"), tout comme les personnages, qui ont presque constamment les yeux fermés.
Le tout avec une bonne musique d'ambiance de circonstances, vous imaginez bien que c'est pas "ya d'la joie, bonjour bonjour les hirondelles". Quoiqu'on notera parfois de sacré gros contraste entre la musique et le contexte. Il faudra en faire abstraction. Les doublages en revanche - tiens d'ailleurs c'est en anglais sous-titrés français et ça c'est cooool - sont plutôt pas dégs. Ils permettent de donner un peu plus d'expression aux personnages qui, rappelons-le, ont tous les yeux fermés, paupières toutes noires (un second clin d'oeil à Gorillaz ? leul). Effet de style ou pure flemme ? Bon sauf ci-dessus, notre héros ouvre les yeux me direz-vous, mais j'ai ma petite théorie à ce sujet.... Je ne peux pas la partager car ce serait vous spoiler.
Société déliquescente
Enfin, je retrouve mon gros inventaire, grand absent de pas mal point and click récents, et il sert ! Le jeu reprend les codes traditionnels du bon classique point and click : une touche pour observer, une touche pour interagir (prendre, activer, déplacer), une touche pour ouvrir l'inventaire, et si t'es en dèche, une touche pour mettre en surbrillance les objets avec lesquels tu peux interagir, et si t'es encore plus en dèche, une touche pour directement passer d'une interaction à une autre sans travail de recherche, c'est à dire de la grosse triche qui gâche tout (mais oui rappelons-nous l'époque ou votre tapis à souris servait vraiment à quelque chose, c'est ça le vrai point and click à l'huile de poignet coude).
Du coup sans utiliser ces deux petits cheats, on prend vraiment plaisir à retrouver le délire du point and click classique, et à se trimballer avec un gros inventaire. Loin d'être tirées par les cheveux, les énigmes ne sont pas compliquées mais malignes et cohérentes. On sort heureusement assez rapidement du camp pour pouvoir se déplacer librement entre la ville et le camp. Si bien qu'on a parfois tendance à vouloir débloquer des situations ou retrouver un objet manquant alors que ce n'est pas le moment de s'y attarder. La résolution reste donc finalement assez linéaire puisqu'on ne peut pas vraiment résoudre les énigmes dans l'ordre que l'on souhaite.
Mais derrière son gameplay à l'ancienne, Dead Synchronicity semble tout de même nous faire entrevoir une possibilité de choix, potentiellement impactante sur la suite des événements. On note notamment un choix très difficile à faire au 3/4 du jeu. Un bug (problème de données corrompues au niveau des sauvegardes, du coup tout un acte à refaire) m'a d'ailleurs permis de revenir sur mon premier choix. Je ne saurais dire pour le moment si ça a eu un réel impact sur l'histoire, mais la tension était bien là pour nous y faire croire.
Traitant de thèmes comme la pauvreté, la maladie et l'épidémie, l'exploitation humaine, l'alcoolisme... que l'on trouve plus rarement dans les point and click, Dead Synchronicity parvient à nous surprendre et à nous faire passer "du (sou)rire aux larmes" : le petit moment de bad quand on rend visite à Rose, femme-enfant exploitée par les "sous-fifres" du "Chasseur" du camp, le moment marrant quand on se moque du soldat qui se fait maîtriser par des chats, le moment stressant et plein d'enjeu où l'on se presse de sauver quelqu'un ou de faire diversion, alors qu'en réalité il n'y a aucun décompte. On vit l'expérience pleinement du début à la fin et on ne voit pas les 5 heures de jeu passer.
Et si on est du genre collectionneur de trophées platines, on devrait facilement se prendre au jeu avec Dead Synchronicity. Les Studios Fictiorama sont allés jusqu'au bout de leur thème dystopique & post-ap en optant pour des noms de trophées qui sauront parler aux amateurs de science-fiction, horreur et mondes post-ap. Pour ne citer que quelques unes des références cinématographiques : Logan's Run (l'âge de cristal), Jacob's Lader (L'Echelle de Jacob), The Dead Zone, Stalker, Invasion of The Body (L'Invasion des Profanateurs / Graines d'épouvantes), Peeping Tom. Bref, on sent les fans de vieux cinéma horreur, thriller & fantastique.
Dans une ambiance qui monte en tension, on voit difficilement comment ce monde pourrait devenir pire. Pourtant on est bien dans un monde décadent - à l'image des déliquescents qu'il a créé - qui va vers sa chute. Et va tirer notre Michael avec, pour nous amener jusqu'à un cliffhanger autour du personnage bien prévisible mais tout de même efficace. Et surtout très abrupte. Mais on parvient à leur pardonner à condition que l'aventure se poursuive dans un second tome qui s'annonce prometteur, en espérant très fort qu'il verra le jour bientôt ! SINON Je me liquéfie ! oh-oh-oh
Dispo à 15-20 boules en boîte (peut-être un peu plus dur à trouver en magasin) ou démat sur PC/Mac/PS4, à ce prix là on crie pas au vol, à condition d'avoir une suite !!!
Les plus :
- La thématique post-ap & dystopie plutôt assez rare dans le genre
- Une cohérence totale de l'univers
- Y compris dans le nom des trophées aux clins d'oeil cinématographique appréciables
- Une esthétique singulière
- Un doublage très correct
- Les sous-titres en français
- Un jeu riche en émotions
- Un cliffhanger prévisible mais efficace...
Les moins :
- ...Mais une fin qui laisse un peu sur sa faim
- Des énigmes peut-être un poil trop simples
- Les musiques pas toujours en adéquation avec le contexte
- Si ya pas de suite je risque d'être vraiment pas contente !!