Dude, Where's My Beer? : on a frôlé la gueule de bois

Jeux Vidéo Publié par Violaine le


Ahhh qu'est-ce qu'on donnerait pas pour une p'tite mousse en terrasse ! Une bonne petite pinte de Maes, de Chouffe, ou de Folle Furieuz (ne jamais m'en donner après minuit) ! Mais je vous parle d'un temps que les moins de 20 ans ne peuvent pas connaître... Heureusement que les caves à bière restent ouvertes : d'ici la fin du confinement en mai 2020 inchallah on aura peut-être eu le temps de goûter toutes les bières possibles et inimaginables. 

Nous pour ça, on peut faire confiance à notre pote, qu'on appellera Siph pour son anonymat. Quand il n'est pas en train de brasser des mélanges bizarres (camembert / banane ?!) c'est qu'il est parti à la recherche de "nouvelles canettes". Il a en tout cas troqué depuis longtemps le classique "On se boit une mousse ?" contre un "On se boit une canette ?!". Certains jours on se demande s'il n'a pas choisi la chemise qu'il allait porter en fonction de sa canette. Ou peut-être est-ce l'inverse ? 

Bref, avec notre frigo rempli de Corona, Leffe ou Despe, on se sent parfois un peu largués comme ce "gars normal qui cherchent juste une fucking Pilsner" dans Dude, Where Is My Beer !

Eh mec, elle est où ma bière ?!

An old school point and click adventure game about finding a pilsner in the confusing world of unnecessary craft beers and snobby hipsters.

Avant toute chose, si vous êtes fâchés avec la langue de Britney Spears, sachez que Dude, Where's My Beer? n'est pas dispo en français. Cela dit, pas besoin d'un niveau de dingo pour comprendre le jeu qui ne parle évidemment presque que de bières. 

Si de base, vos connaissances en bière se limitent à Bière Blonde, Ambrée et Triple, vous devriez de toute façon comme moi et comme le perso principal pas capter grand chose aux dialogues avec vos principaux interlocuteurs : les barmans. Si jouer les piliers de bar est la chose qui vous manque le plus dans ce confinement, vous devriez être comblés ! 

Développé par Arik Zurabian et Edo Brenes et édité par Arik Zurabien lui-même, Dude, Where's My Beer? est, vous l'aurez compris, un petit jeu indé. Le point and click (ou pointer et cliquer mais c'est quand même beaucoup moins classe en français) vous met dans la peau d'un "normal guy" - je crois pas qu'on nous donne son prénom ou alors je m'en souviens plus ?! - qui, lors d'un long voyage en bus, profite d'une petite halte à Oslo, capitale de la Norvège, pour se rafraîchir avec une Pilsner. 

Malheureusement, la ville, où il n'a pas mis les pieds depuis plusieurs années, a bien changé. Les vieux moustachus comme lui ont cédé la place aux jeunes hispters, et les pilsners devenues tabous ont été remplacées par une multitude de craft beers aux noms inretenables. Votre mission, vous l'avez compris, est de trouver une fucking pilsner ! Comme ça, ça a l'air simple, mais il va falloir s'armer de patience, de temps (comptez environ 6h voire 8h si vous jouez sans pression comme moi) et d'imagination (certaines énigmes sont bien tarabiscotées) !

Monkey Hipsland

Notre héros moustachu est nostalgique des bonnes vieilles pils mais pas que ! Plusieurs fois, ce dernier brise le quatrième mur pour faire référence aux point and click de notre enfance. Dude Where's My Beer? ne fait pas toujours dans la dentelle à ce niveau avec des allusions directes à Guybrush Threepwood et Monkey Island, à Larry Laffer (Leisure Suit Larry) et un running gag autour des services qu'il doit rendre aux perso secondaires "comme dans n'importe quel puzzle game". 

Pour autant, le jeu ne tombe jamais dans le lourdingue et réussit à nous faire sourire, voire même rire, du début à la fin. Old-school jusqu'au bout des doigts, le jeu reprend même le système de jeu SCUMM (Script Creation Utility for Maniac Mansion), utilisés notamment dans les LucasArts, qui permet au joueur de choisir la commande de son choix (regarder, pousser, tirer, parler, utiliser, ouvrir, fermer, prendre, donner) à utiliser sur les objets et personnages qui l'entourent. Je crois vous avoir déjà dit dans mon test de Thimbleweed Park ô combien j'aime ce système car c'est un peu ma madeleine de Proust à moi. Les énigmes sont loin d'être évidentes et sont parfois très tirées par les cheveux. Mais c'est ce qui fait le charme de ce genre de jeu aussi. Qui plus est, un système d'indice plutôt malin et assez radin pour vous laisser galérér a été intégré au jeu !

Ce charmant côté old-school assorti à notre perso contraste parfaitement avec notre époque dans laquelle se situe le jeu. Bon, ok nous il nous reste des pils, les hipsters n'ont pas encore envahi la planète entière et nous sommes pour le moment interdits de bars.

Cette ancrage actuel donne lieu à des rencontres tordantes entre notre héros complétement largué et des perso secondaires dans l'ère du temps. Mention spéciale pour le parfait cliché de l'UI/UX designer égocentrique en plein projet de mise en ligne dans un bar, qui “n’en peut plus de la capitale mais en même temps reste là parce que quand il part ça lui manque trop han, même les junkies du métro”. Ca doit vous rappeler des gens, nan ?

Un Beerathon sans fin

Si les barathons vous manquent, avec Dude, Where’s My Beer? vous allez être servis ! Dive Bar pakistanais, Sports Bar, Bar à quizz, Bars métalleux… Pas moins de 5 bars, un club, une place et un salon de thé vous attendent ! Le hic, c’est que l’intégralité du jeu se passe dans ces lieux que l’on finit par connaître par coeur un peu trop vite. Pourtant, c’est grand Oslo !

Ca c'est le genre de gueule que tire le perso quand il boit une craft beer

Graphiquement, DWMB (ça va plus vite, non ?) mise aussi sur le minimalisme avec un design assez simple et 3 couleurs principales : du gris, du bleu et du rouge pour pimenter tout ça. Et finalement, cela fonctionne assez bien ! Mais ce qu’on aime par dessus tout ce sont les petites animations distillées tout au long du jeu et plus particulièrement lorsque notre héros n’a d’autres choix que celui de boire une de ces foutues craft beers. 

En effet, à l’instar d’un Raj Koothrapali avec les femmes, impossible pour notre moustachu de parler à des inconnus sans en avoir un petit coup dans le nez. Une jauge permet de suivre son niveau de sobriété / d’ébriété, ce qui s’avère bien pratique pour lui faire effectuer certaines actions nécessitant un manque de dignité (comme fouiller les poubelles par exemple) ou, au contraire, concentration et précision. Demander au joueur de faire boire son perso pour lui faire accomplir des actions un peu honteuses, c’est du pur génie non ?!

Pour pouvoir faire baisser son niveau d’ébriété, vous n’aurez parfois d’autres choix que de faire marcher et rentrer sortir le héros plusieurs fois. Peut-être aurait-il été plus malin d’ajouter un doliprane ou un peu d’eau pour débourrer plus vite ?!

Stout... Pour le moment !

On pourra d’ailleurs reprocher plus d’une fois à Dude, Where’s My Beer? de tirer un peu trop sur la longueur. L’inventaire est parfois tellement plein qu’on ne sait plus où donner de la tête. On tourne pas mal en rond et on se retrouve à accomplir certaines actions sans comprendre le sens et la direction qu’elles donnent à l’histoire. Et cela tombe bien, y’en a pas vraiment : elles sont souvent simplement là pour faire avancer le temps et débloquer certaines situations. Ces petites actions manquent d’un fil rouge pour ne pas donner au joueur le sentiment de brasser de l’air

En bref, tout comme sa bande-son, le jeu devient assez vite répétitif et c’est dommage. Les développeurs font d’ailleurs dans l’auto-dérision lorsque le héros se plaint que c’est interminable. Cela dit, avec la jauge de sobriété et le contraste old-school / époque actuelle, les développeurs ont vraiment trouvé un concept drôle et innovant ! Une fois ces quelques soucis corrigés, ça pourrait devenir un excellent point and click ! Surtout si en extra-bonus les perso pouvaient être doublés pour apporter un peu plus de vie au jeu. Bon ça, évidemment, c’est un gros budget !

Plusieurs fois pendant le jeu, notamment lorsque j’ai essayé en vain de remplir la jauge au max pour soûler la gueule du héros, une deuxième partie est évoquée. Est-ce qu’il s’agira d’un update du jeu ? Ou d’une suite sur laquelle les développeurs sont actuellement en train de bosser ? Une chose est sûre, après une fin WTF réussie comme celle-là (et non je vous dirai pas s’il finit par boire sa fucking pils !) j’ai tout de même très envie de connaître la suite des aventures de notre “normal guy” amateurs de pilsner !

Note globale

13/20

Bon, certes ça casse pas des Kriek comme un LucasArts nan plus, les moins patients d'entre vous n'auront sans doute pas la foi d'aller jusqu'au bout à cause du rythme un poil moût et répétitif. Mais pour du jeu indé réalisé par une si petite équipe (2 personnes rappelons-le) et surtout pour leur 1er jeu c'est quand même ultra honorable. Le concept est innovant, l'humour est décapant, les références aux point and click de l'époque font plaisir, et on en apprend un peu plus sur les craft beers ! Franchement, l'idée est là, il faut juste laisser fermenter un peu tout ça pour proposer une Part II encore plus fraîche ! Je ne le conseille pas à tous.tes, mais aux curieux.ses qui me lisent, ont l'habitude des point and click indé, aiment la bière et ont envie de rire, foncez !

Les plus :

  • Nan mais un point and click sur les craft beers et les hipsters quoi !!!
  • Le genre d'humour auquel j'adhère totalement
  • Les références aux point and click de notre enfance
  • Des graphismes minimalistes réussis & des animations funs
  • Le concept de jauge de sobriété / ébriété pour accomplir certaines missions
  • Le système d'indice plutôt malin

Les moins :

  • On tourne assez vite en rond
  • Pas assez de décors variés par rapport au temps de jeu
  • Un peu répétitif y compris musicalement
  • Des questions non élucidées, notamment sur le Master Brewer !

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Violaine

À propos de l'auteur de l'article : Violaine

Licorne en chef de Geekmick. Tombée dans les jeux vidéo à 8 ans avec Robocop Vs Terminator sur Megadrive et Tomb Raider sur PC. Aime ses chats Chappie et Balec. Particularité : humour gras, références douteuses et fâcheuse tendance à ponctuer toutes ses phrases de gros mots. Expression fétiches : "comme ma bite" "comme ma chatte" "c'est ce qu'il m'a dit hier" "balec" "putain" "bordel de cul". Secret honteux : Tous ses amis lui offrent des licornes mais en vrai à la base, elle cherchait juste un truc kitsch pour le logo de Geekmick.

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