The Last of Us Part II : amour, spore et cruauté

Jeux Vidéo Publié par Violaine le


Sauver Chloé ou Arcadia Bay, crever son Sims dans la piscine ou en l’immolant, manger un kebab ou un burger, prendre des billets d’avion pas chers pour une destination exotique & risquer la quarantaine une fois sur place ou aller dans la Creuse… Les jeux vidéos et cette chienne de vie aiment nous mettre face à de vrais dilemmes cornéliens. Il y a 7 ans, Joel dut faire un choix qui, comme on s’en doutait à l’époque, ne serait pas sans conséquence pour la suite de l’histoire de The Last of Us. Dans un monde post-ap envahi d’infectés au Cordyceps - un champignon qui existe IRL mais qui, rassurez-vous, ne transforme que les fourmis en mini-claqueurs - notre survivant préféré retrouvait les joies de sa paternité perdue tragiquement, en rencontrant Ellie. Cette adolescente miraculeusement immunisée contre l’infection gagnait progressivement le coeur de Joel, au fil d’un long périple qui les menait jusqu’à l’hôpital des Lucioles. Si l’immunité d’Ellie représentait une petite chance de sauver le monde des infectés, on apprenait sur place que la conception du vaccin allait forcément lui ôter la vie. Bien décidé à repartir avec elle, Joel ne laissait alors au joueur pas d’autres choix que celui de buter quiconque se mettait au travers de son chemin. Et en même temps, après avoir vécu une telle aventure, il faudrait être sans coeur pour faire un choix différent du sien. Au diable les Lucioles, remercions notre cher Joel, car on était ainsi assurés de se retrouver dans un beau bordel dans The Last of Us 2. A base de vengeance, de zombies, d’ennemis à gros bras mais aussi de romance. Naughty Dog avait déjà su trouver la dose parfaite de douceur dans un monde de brutes. Part II ne déroge pas à la règle.

5 ans plus tard

Si tant est qu’on ait réussi à échapper aux nombreux articles et leaks autour de The Last of Us Part II, on démarre tous cette nouvelle aventure avec les mêmes questions à la bouche : Joel est-il toujours en vie ? Est-ce qu’il a enfin avoué à Ellie ce qu’il s’est vraiment passé à l’hôpital des Lucioles ? 

Nous retrouvons notre duo attachant, 5 ans après les derniers événements, installé à Jackson dans le Wyoming où ils ont élu domicile avec Tommy, le frère de Joel mais aussi quelques petits nouveaux dont Dina & Jesse, que nous apprendrons à connaître au fil de l’aventure. 

Très vite, suite à un événement tragique, Ellie se retrouve contrainte de prendre la route pour Seattle en compagnie de son amie Dina. Je pense ne rien vous apprendre en vous disant que celle-ci devient rapidement sa petite amie. N’en déplaise aux quelques lesbophobes qui ont pu cracher leur venin un peu partout sur la toile et participer en partie au review bombing dont le jeu a été victime sur Metacritic. Petite parenthèse : je précise bien “en partie”, car ces mauvaises notes massives étaient aussi une dénonciation du crunch subi par les développeurs, une exaspération face aux nombreux leaks et à des éléments de l’histoire que certains fans n’ont pas du tout apprécié. “Mais cela ne nous regarde pas”. En tout cas, pas pour le moment. 

Ellie & Dina dans The Last of Us 2

Eh oui, au grand désespoir de Joel, Ellie est désormais une jeune femme indépendante. Et à l’instar de la complicité Joel-Ellie dans The Last of Us, cette nouvelle relation permet d’apporter une tendresse contrebalançant parfaitement avec les nombreux moments difficiles et affrontements auxquels nos deux héroïnes badass feront face. Véritable soupape de décompression, ces moments suspendus nous permettent de mieux accepter d'être malmené le reste du temps. Car Part II est bien plus violent que son prédecesseur.

Rassurez-vous, la relation Joel - Ellie n’est pour autant pas totalement mise de côté puisque de nombreux flashbacks riches en émotion permettront d’en apprendre plus sur les événements qui se sont produits pendant cette grosse ellipse temporelle (5 ans quand même), et de répondre aux questions posées plus haut. 

On the road again

Outre la complicité attachante de Joel et Ellie, s’il y a bien une chose que j’avais hâte de retrouver dans cette suite, c’est la variété de ses paysages tantôt paisibles tantôt crasseux et pullulant de spores menaçant. Et de ce côté, Part II se place au-dessus de nos attentes avec une multitude de décors somptueux, encore plus variés que chez son prédécesseur. Je crois ne pas exagérer en disant qu’il s’agit du plus beau jeu PS4 auquel j’ai pu jouer jusqu’ici. Ayant déjà pris une énorme claque avec Uncharted 4, je savais de quoi le studio était capable, mais là ça dépasse toutes mes attentes. C’est tellement dingue de voir une telle qualité sur une console dont on pensait connaître tout le potentiel qu’on en retirerait la PS5 de sa liste au papa Noël ! Ses magnifiques jeux de lumière y sont sans doute pour quelque chose ! Présentement je m'apprête à être à la bourre au taf car j'ai du mal à choisir les screenshots.

Galoper à dos de cheval dans la neige crissante, nager dans l’eau transparente d’une rivière, randonner dans une forêt luxuriante… Part II est un voyage pour tous les sens. Sans oublier ses nombreux apartés musicaux où après une petite intro grattée par nos soins avec le pad, Ellie prend le relais pour nous offrir un vraie moment de douceur et de poésie. Mention spéciale pour sa reprise de “Aha - Take on me” façon berceuse qui a fait le tour de la toile. Une pause ressourçante fortement appréciable avant de s’engouffrer dans un bâtiment anxiogène par son faible éclairage mais aussi par les cris menaçants des coureurs et les bruitages visqueux des spores. 

Et puisqu’on parle son, j’ai fait le choix d’y jouer en version française, et je n’ai pas regretté une seule seconde. On pourra une fois de plus souligner le travail de localisation remarquable de la Marque Rose. L’émotion passe aussi bien par les regards (c’est souvent là que le bat blesse) et expressions du visage ultra réalistes des personnages que par la qualité des doublages. 

Il va y avoir du spore mais moi j’reste tranquille

Le gameplay de TLOU fut particulièrement décrié à l’époque pour sa simplicité. Bah euh oui, c’était un TPS classique quoi. Certes, l’IA laissait franchement à désirer et il n’y avait pas grand chose à crafter. Mais... J’ai toujours eu beaucoup de mal à comprendre les gens qui ne retiennent que cela lorsqu’ils doivent donner leur avis sur de telles claques narratives et artistiques. Mais soit, Part II a quand même retenu la leçon en proposant une expérience de jeu un peu plus ambitieuse.

C’est peut-être un détail pour vous, mais dans Part II moi j’ai rampé beaucoup. Cette petite action, qui n’était pas possible dans TLOU, participe grandement à améliorer les phases d’infiltration. Et tout le stress qui va avec. A tout moment un ennemi faisant le double de votre largeur peut venir vous sortir de votre planquette. L’IA donne beaucoup plus de fil à retordre et de nouveaux éléments tels que ces enfoirés de clébards qui vous suivront à la trace, vous feront sans nul doute améliorer vos performances en apnée IRL. Dieu merci, contrairement à Uncharted, il ne vous suffira pas de vous accroupir dans les hautes herbes pour échapper à la vue de vos ennemis. Cela vous demandera au contraire d’être aux aguets et de sans cesse prendre le temps de bien analyser votre environnement avant de vous lancer furtivement sur un ennemi. 

Amélioration des compétences dans The Last of Us 2

La gestion de l’inventaire vous demandera d’être un peu plus malin aussi en utilisant intelligemment vos ressources pour ne pas vous retrouver en dèche devant une horde d’ennemis. Oui, ça sent le vécu. 

Comme dans TLOU, vous aurez largement de quoi faire en termes de fouille des lieux. Lettres, médicaments, outils et de nombreux items pourront être récupérés pour améliorer votre expérience. Cela vous permettra aussi de gagner des points de compétences en infiltration, confection d'armes ou combat. Le petit point noir c’est que les lettres contiennent beaucoup moins d’éléments narratifs intéressants et se contentent souvent de nous communiquer un code et/ou une énigme assez basique (en observant bien les lieux) pour ouvrir un coffre-fort. On se surprend donc à appuyer frénétiquement sur triangle pour tout ramasser grâce aux bras extensibles d’Ellie sans trop prendre le temps de regarder ce qu’on a récupéré. 

Alors que les ennemis humains m’ont paru bien plus coriaces, il m’a semblé qu’il était plus simple de venir à bout des tant redoutés claqueurs grâce aux burins qu’Ellie possède en illimité. En sachant bien parer vous pourrez même parfois vous sortir des pires situations. On retrouve cependant une petite nouveauté pour pimenter tout ça : les puants. D’énormes zombies qui lâchent des sortes de boules puantes dangeureuses mais “ne présentant pas de toxicité aigue” selon le Préfet de Rouen. 

Part II se fait globalement sans grande difficulté en mode normal en tout cas, ce notamment grâce à ses nombreux checkpoints tantôt légèrement cheatés tantôt tombant aux pires moments. Le jeu n'hésitera par ailleurs pas à vous troller en faisant apparaître des ennemis à des moments peu opportuns. En fait, c’est surtout de sang froid dont il faut faire preuve tout au long de l’aventure. Car Part II est beaucoup plus sombre que son prédécesseur. Et si les game over se font finalement assez rares, pour autant une pause sera souvent nécessaire pour reprendre son souffle avant le prochain affrontement.

Abbybi Ellie, Abbybi Ellie…

Avant d’entamer cette partie de mon test, si vous n’avez pas beaucoup avancé dans TLOU2 et/ou si vous ne souhaitez pas en savoir trop sur l’histoire, je vous conseille de vous cacher les yeux jusqu’à la notation. Je voulais omettre cette partie mais je ne peux pas m’y résoudre. Et puis merde, ça fait déjà plus de deux mois que le jeu est sorti et je ne me vois pas vous expliquer pourquoi je l’ai autant aimé sans aborder un minimum l’angle choisi par Naughty Dog. 

Alors qu’il auraient pu se reposer sur leurs acquis et sur le (trop ?) fort attachement des joueurs vis-à-vis de Joel & Ellie, le studio Naughty Dog semble avoir récupéré les cojones perdues au fil des ans par bon nombre de studios pour s’en reconstituer une vraie paire. 

De façon parfois un peu lourdingue, je vous l’accorde (“oh non, Robert est mort !” “La connasse, elle a tué Jacob !!!”), Naughty Dog nous fait prendre conscience que derrière chaque ennemi tué se cache aussi un être humain avec un prénom et une histoire. Derrière chaque camp ennemi se cache une solidarité de groupe. Cette même solidarité qui a poussé Joel et Ellie à commettre eux-mêmes des actes immoraux. Mais qu'est-ce que la moralité finalement dans un monde où chacun cherche juste à survivre ? Bon ça fonctionne moyennement bien pour les ennemis lambdas et on est toujours contents de leur mettre un bon gros headshot. Par contre, pour les quelques ennemis plus présents dans l’aventure, le pari (ultra risqué) est plus que réussi.

Des ennemis coriaces dans The Last of Us 2

Lors des premières heures de jeu dans la peau d’Abby, du camp adverse de notre duo Joel-Ellie, à chaque fois qu’un claqueur ou un ennemi la blessait ou la tuait, je me disais “bien fait pour ta gueule tiens”. C’est presque si je cherchais pas le game over (ahah la parole de mauvaise perdante). Mais très vite, je me suis surprise à éprouver de l’empathie pour elle, mais pas que !

Car derrière ses gros bras qui ont bien animé bon nombre de débats cruciaux sur la toile (“est-ce qu’elle prend des prot’ ?” “une meuf avec des muscles comme ça ça existe pas, frère”, eh bah gomuscu mec !), se cache un vrai coeur. Peut-être même plus gros que celui d’Ellie, même si ça me fait mal de le dire. La psychologie du personnage est dévoilée progressivement au fil de l’histoire avec suffisamment de complexité pour qu’on puisse s’y identifier. Et pourtant on entend bien plus parler de ses gros bras, qui soit dit en passant n’ont jamais posé problème lorsqu’ils étaient disproportionnés sur un personnage masculin. Personnellement, moi qui galère presque à ouvrir un pot de confiture, j’échangerais bien mes bras contre les siens en cas d’invasion de zombies. 

La possibilité de jouer ces deux personnages présente un autre intérêt : leurs différences se font ressentir jusque dans le gameplay et les déplacements. A l’instar de Quantic Dream avec Detroit Become Human, Naughty Dog a pris soin de différencier leur façon de se déplacer. Mais aussi leur façon d’éliminer leurs ennemis. Quand Ellie s’élance de plateformes en plateformes sans broncher, Abby a le vertige. J’avoue l’avoir sadiquement approché du précipice pour me moquer de ses petits gémissements de panique. Et oui, je vous vois venir, les ennemis, Abby les étrangle avec ses gros bras. 

Certains accuseront Naughty Dog d’avoir manipulé l’esprit des joueurs pour leur faire apprécier Abby. Mais n’est-ce pas la technique de tout auteur de manipuler l’histoire pour s’assurer que le joueur recevra la narration comme il le souhaitait ? Libre à chacun d’adhérer ou non à ce parti pris. Toujours est-il que c’est réussi. 

Note globale

18/20

Voilà, c'est fini... Je suis tristesse même s'il n'y avait pas de meilleure façon de clôturer cette belle aventure. Ces longues années d'attente pour nous (et de crunch intense pour les pauvres développeurs...) n'étaient pas vaines. A nous de faire notre deuil maintenant... Ou de se les refaire dans quelques mois !

Les plus :

  • C'est beau à en pleurer
  • La psycho des perso est très réussie
  • Un parti-pris risqué : enfin un studio qui a des cojones !
  • Une très bonne durée de vie (environ 35-40h pour moi)
  • Les petits apartés musicaux
  • Un gameplay amélioré avec une IA plutôt intelligente
  • Des phases d'infiltration réussies mettant votre sang-froid à rude épreuve
  • Parfait pour travailler son apnée IRL
  • Un doublage FR très réussi
  • Des expressions du visage réussies et réalistes (assez rare pour le souligner)

Les moins :

  • Des checkpoints un peu trop arrangeants (en mode normal en tout cas)
  • La fouille un peu délaissée

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Bien foutu les potes jeux vidéo PS4

Violaine

À propos de l'auteur de l'article : Violaine

Licorne en chef de Geekmick. Tombée dans les jeux vidéo à 8 ans avec Robocop Vs Terminator sur Megadrive et Tomb Raider sur PC. Aime ses chats Chappie et Balec. Particularité : humour gras, références douteuses et fâcheuse tendance à ponctuer toutes ses phrases de gros mots. Expression fétiches : "comme ma bite" "comme ma chatte" "c'est ce qu'il m'a dit hier" "balec" "putain" "bordel de cul". Secret honteux : Tous ses amis lui offrent des licornes mais en vrai à la base, elle cherchait juste un truc kitsch pour le logo de Geekmick.

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