Test - Unravel : droit au coeur
Jeux Vidéo Publié par Violaine le
Il y a plusieurs mois, Unravel m'avait déjà laissée sans voix avec son premier trailer. Refusant de lire quoi que ce soit à son sujet, pour ne rien gâcher, j'ai préféré foncer tête baissée le 9 février - date de sa sortie sur PS4, PC et Xbox One - pour rejoindre Yarny, petit bonhomme en laine plus touchant tu meurs, dans son voyage en plein cœur des souvenirs d'une famille oubliée.
Développé par Coldwood Interactive, studio indé basé en Suède, et édité par Electronic Arts, ce jeu vidéo de plate-forme/puzzle promettait une aventure riche en énigmes, en paysages magnifiques (quelle plus belle inspiration que les paysages scandinaves ?) et en poésie. Promesse tenue ?
Doux comme de la laine
Dès les premières minutes de jeu, on est tout simplement happé par l'ambiance chaleureuse et nostalgique d'Unravel et la beauté de ses paysages. Sans parler de la bouille irrésistible de Yarny. Petite pelote vivante dont la laine représente le lien, le fil rouge, qui unit les gens. Ce fil rouge va lui permettre d'aider une vieille femme seule à renouer avec son passé.
En seulement quelques secondes, Coldwood Interactive réussit à nous remplir d'empathie... pour une pelote de laine. Même le plus méchant des méchants craquerait pour le tout petit Yarny. On se surprend à pencher la tête d'affection ("mhooooo") quand il a froid, quand il est heureux après une réussite, ou quand il semble triste... Ou à stresser quand il s'amaigrît à vue d'oeil à cause de tout le fil que l'on a utilisé.
Et pourtant, ne vous attendez pas à entendre sa voix, ni le moindre gémissement (c'est un bonhomme en laine hein les gars). Dans Unravel, les dialogues et les mots (vous ne verrez aucun texte s'afficher) sont tout simplement remplacés par la musique du folklore local (suèdois donc).
La musique est la voix du jeu, et elle se suffit à elle-même. Elle parvient à nous transmettre tout type d'émotions et se rythme au gré des phases de gameplay. Elle nous stresse, nous émeut, nous fait sourire, nous entraine (j'ai retrouvé des similitudes avec la musique bretonne)... Et c'était là toute la volonté du studio, qui a pris soin de sélectionner des compositeurs en phase avec son univers.
Nous voulions que notre musique reflète tout cela.
Il fallait qu'elle puisse vous briser le coeur, puis le réparer.
Haut comme trois pommes, notre petit bonhomme fantastique contraste totalement avec les sublimes décors photo-réalistes dans lesquels il évolue. Et visuellement ça marche ! C'est même une énorme claque que nous met Coldwood Interactive dans la tronche !
Impossible de se lasser face à la diversité des climats et des environnements.
Comme au début d'un voyage dépaysant, on s'émerveille devant tant de beauté, on s'oblige à ne pas penser au retour et on prie déjà pour que le temps s'arrête.
Un voyage 1ère classe largement accessible (19€ l'aller sans retour) pour au moins 6-7h de jeu, voire plus si l'on recherche le platine. Ce pourquoi je considère que je n'ai pas encore fini Unravel.
La vie ne tient qu'à un fil
Si le gameplay ne révolutionne pas le genre, on apprécie quand même l'idée de devoir utiliser le fil de différentes façons pour passer les obstacles et résoudre les énigmes. Celui-ci vous servira à la fois de Jumpline, à tendre entre deux clous d'attache pour vous projeter ou remonter des objets, de liane, pour vous balancer de points en points, ou encore de corde pour descendre en rappel.
Mais il vous faudra aussi apprendre à l'économiser au risque de retrouver votre pauvre Yarny bloqué et d'être contraint de revenir sur vos pas. Cela dit, quelques pas en arrière suffisent souvent pour se libérer. Dommage que cette difficulté n'ait pas été davantage exploitée.
Si certaines énigmes demanderont un peu de réflexion, d'autres demanderont surtout de la dextérité et un bon timing. Je me suis surprise à tenter des trucs un peu farfelus avec mon fil ("mais ouais si je le tends à gauche puis à droite et en haut à gauche en finissant sur 3 sauts en arrière ça va enclencher le mécanisme..").
On pourra légitimement regretter que les énigmes ne se complexifient pas davantage mais certaines phases où le gameplay et la musique s'accélèrent (ahhhh les mouettes) nous font vite tout oublier.
Détricoter les souvenirs
Si le fil rouge est au centre du gameplay, il est aussi au coeur de l'histoire. Car traverser tous ces obstacles a une finalité : retracer l'histoire à travers ces petits moments de la vie, ces petites madeleines de Proust, qui nous raccrochent à notre passé.
Chaque fin de niveau (comptez une bonne vingtaine de minutes par niveau) vous apporte votre petite récompense, la carotte : un souvenir marquant, une petite pièce de plus pour reconstituer le puzzle de souvenirs. Souvenirs que l'on retrouve dans un petit album photo aux pages jaunies. Avec des citations bien choisies pour introduire chaque moments forts de la vie de la vieille dame, qui nous parlent à nous aussi et nous donnent de subtiles leçons de vie.
L'amour créé des liens semblables à des fils de laine...
Sur ce point je n'en dirai pas plus car je ne voudrais pas vous gâcher le plaisir de découvrir les messages transmis par ce jeu.
Maladie, amour, amitié... Toutes les thématiques y passent et les changements climatiques, de décors et de musique contribuent à créer une ambiance parfois mélancolique. Mais toujours avec une petite note d'optimisme que l'on ressent dans la musique.
Yarny est spectateur avec nous de ces retours en arrière. Il est en fait une jolie métaphore de la façon dont on peut dépasser les obstacles que l'on nous met sur notre chemin.
Unravel, tu as parlé à mon coeur et mon coeur t'as répondu.
J'vous laisse, j'vais me faire un DIY Yarny !
Les plus :
- La multiplicité des décors
- Des graphismes au rendu photo-réaliste sublime
- Yarny : un personnage principal très touchant (et pourtant silencieux)
- Un contraste parfait entre le surréalisme de Yarny et le réalisme des décors
- Une histoire touchante, poétique et libre d'interprétation
- Un message plein d'optimisme
- Son prix tout à fait correct (19 €) pour les 6-7 heures de jeu minimum
Les moins :
- Des énigmes qui manquent de complexité sur la fin
- L'économie de fil pas assez exploitée