Judgment : plaisir très coupable - Test PS4
Jeux Vidéo Publié par Violaine le
"Mouais, me manquait quelques ingrédients donc j'ai remplacé les lardons par du bœuf, les oignons par des poivrons, la crème fraîche par de la crème de soja et les pates par du riz, c'était pas ouf." signé Jean-Michel à peu près sur Marmiton. Ce même individu abject qui a osé dire que Judgment était "le GTA japonais". Car autant vous le dire tout de suite avant de passer aux choses sérieuses : dans Judgment, impossible de s'attaquer aux passants, de conduire une voiture ou de se taper des p.... Maintenant que c'est dit, à vous de voir si vous souhaitez tout de même poursuivre la lecture de cet article ou augmenter sans aucun scrupule le taux de rebond de ce site.
Mon premier Yakuza
Pour ceux qui comme moi, ne seraient pas du tout familiers à l'univers des Yakuza, il s'agit d'une série de jeux d'action aventure développée par Ryü ga Gotoku studio, franchise créée et détenue par SEGA. Judgment étant un spin off, avoir joué aux autres jeux de la série n'est absolument pas une obligation.
L'un des petits derniers du studio nous met dans la peau de Takayuki Yagami, ancien avocat connu pour avoir acquitté un client accusé de meurtre. Un exploit au Japon, où le taux d'accusation dépasse les 99%. Quelque temps après cette victoire faisant la une de la presse, le client en question, Shinpei Okubo, est cette fois-ci accusé d'avoir tué sa propre petite amie. Désabusé, trahi et rongé par la culpabilité, Yagami met les clés sous la porte pour se consacrer à une carrière de détective privé.
Désormais habitué à des enquêtes pépouzes à base de chats perdus et d'adultère, le beau ténébreux va rapidement se retrouver mêlé à une affaire conspirationniste faite de nombreux rebondissements. Pour notre plus grand plaisir !
Kamurocho Cacao
Comme dans le jeu Yakuza, l'histoire se déroule dans un quartier fictif du japon nommé Kamurocho. Le studio s'est inspiré du quartier chaud de Tokyo Kabukichō, et j'ai lu je sais plus où que ceux qui s'y sont rendus IRL ont trouvé le jeu très réaliste. Sorte d'open world dans une petite mapounette que vous connaîtrez rapidement sur le bout des doigts. Judgment nous plonge sans aucune difficulté dans le Japon d'aujourd'hui et fait voyager tout nos sens.
Les sons d'un quartier animé, les menus alléchants de ses restaurants, les petites ruelles dans lesquelles on prend plaisir à se perdre... Comme Tak (pour les intimes), le temps s'arrête et on prend y très vite nos petites habitudes de citadins (les bastons en plus). Dans l'immersion la plus totale, le temps d'une après-midi on troque la petite Violaine confinée à Rouen contre le costaud Tak, libre de visiter le quartier des yakuzas comme bon lui semble. Difficile de rester de marbre face à des décors, une DA & une bande-son aussi soignées.
Car la map a beau être petite, on trouve toujours quelque chose à faire dans Judgment : se balader, aider telle serveuse à améliorer son anglais, faire une partie de poker, essayer de pécho la jeune chanteuse (euh mais elle a quel âge celle là?), courser la perruque d'un animateur tv, participer à une course de drone, goûter aux spécialités locales… et ne voyez rien de tendancieux dans cette dernière phrase, puisque Judgment est plutôt prude de ce côté là.
Bon et puisqu'il faut bien un peu (ou plutôt beaucoup) d'argent pour pouvoir faire tout ça, on peut se cantonner aux missions de la trame principale ou se laisser tenter par les nombreuses missions secondaires dispo dans notre QG à whisky, dans notre agence, au cabinet d'avocat ou au hasard de nos rencontres dans les rues. Et il serait vraiment dommage de se passer de ces missions secondaires tant elles promettent de bonnes barres de rire. Ryü ga Gotoku fait preuve d'une imagination sans fin et réussit à nous surprendre du début à la fin avec de nombreux clins d'oeil au cinéma (coucou The Ring <3) et à d'autres références de la culture jap.
Joue-la comme Jackie Chan
Toute l'originalité de Judgment réside dans la diversité de ses mécaniques de gameplay. Alors que c'est carrément rédhibitoire pour certains, pour ma part c'est pile ce dont j'avais besoin pour pimenter ce long confinement. En effet, comme tout détective privé qui se respecte, vous serez souvent amené à prendre en filature certains PNJ pas très intelligents en veillant à ne pas vous faire repérer. En restant assez loin de votre cible et en vous cachant au dernier moment derrière un élément du décor, vous ne devriez rencontrer aucune difficulté. La jauge de vigilance étant très facile à faire redescendre... Ces phases de gameplay souffrent de quelques longueurs mais sont tout de même assez funs.
Le manque de liberté dans les scènes de course-poursuite, sortes de QTE simplifiés, est quant à lui assez frustrant et les scènes de crochetage de serrure sont totalement superflues. Bien évidemment, en bon détective, Tak se doit de faire preuve d'analyse et de déduction lors de phases de recherche mais aussi utiliser des gadgets comme son drone ou son appareil photo.
Mais dans Judgment, ce qui compte surtout, c'est la baston ! Tak est toujours prêt à en découdre et si vous n'êtes pas trop jeu de combat, vous pouvez définitivement oublier ce jeu. Parfois, on en frôle même l'overdose. Heureusement, un système de combat de génie permet de faire varier les plaisirs. Pour les connaisseurs, ce dernier s'appuie sur celui des précédents Yakuza : une jauge EX avec système de boost, des combos qui font mal, et des actions contextuelles grave stylées. Il existe deux modes de combat pour venir à bout de ses ennemis : le Tigre, idéal pour se battre contre un groupe d'ennemis, et la Grue parfaite pour les duels.
Le vélo, très clairement mon arme préférée dans Judgment. Depuis faut pas m'faire chier sur Rouen !
Mais le meilleur dans tout ça, c'est que façon Jackie Chan, Tak peut également utiliser presque tout ce qui lui tombe sous la main pour venir à bout de ses (nombreux) ennemis. Vous ne verrez plus jamais les cônes de signalisation de la même façon. Très vite, le vélo est devenue mon arme favorite. Faire copain copain avec les restaurateurs peut également s'avérer utile : battez-vous à côté du restau d'un poto et vous aurez peut-être la chance d'assister à une attaque de brochette boeuf fromage brûlante. On ne peut rester indifférent à une mise en scène aussi spectaculaire, digne des plus grands films de combat. D'autant plus que les combats jouissent d'une fluidité sans précédent.
La parade martiale nuptiale
L'autre avantage de ces magnifiques parades martiales, c'est que ça impressionne les p'tites minettes ! Et croyez-moi, dans Judgment, vous allez en impressionner ! A mon grand désarroi, la gente féminine n'est bonne qu'à appeler à l'aide Tak, l'applaudir pendant les combats, rire bêtement à ses blagues et le draguer dès que l'occasion se présente ! Ok, il est beau gosse et très charismatique notre Tak, mais on aimerait bien avoir affaire à autre chose qu'à des nanas de 15 ans de moins que lui qui ne demandent qu'à se faire payer des restaus et des parties de fléchettes après avoir été sauvées des griffes d'un vieux pervers.
Pas une seule nana ne se bat dans Judgment ! Pas une seule ! Non, les affrontements de gangs ne se font qu'entre couilles. Les seuls moments où les amies de Tak s'impliquent dans des enquêtes, c'est en usant de leurs charmes pour arriver à leur fin... On se détend Violaine, c'est un jeu jap' et côté féminisme on ne peut pas dire que la société nippone soit très en avance... Le sexisme est encore bien ancré au Japon, et ça se ressent fortement dans Judgment. Un sexisme que même les personnages féminins & masculins soulignent de temps en temps pendant le jeu. Une auto-critique de leur propre culture ? Difficile à dire...
Et je ne vous ai pas parlé de ses missions secondaires : on coffre ce type qui coince des nanas dans de petites rues pour leur montrer son énorme sexe, qu'il appelle d'ailleurs affectueusement son "fils". Une fois attrapé, on chercherait presque à nous faire éprouver de la pitié pour lui, 60 balais, dont "le fils n'a jamais été touché par une femme"... Sortez les mouchoirs ! Euh, non en fait. On a aussi ce type du clan des tordus qui augmente sa jauge de boost en sniffant des culottes volées avec son drone.
Attardons-nous un peu sur le concept de petite amie. Sans doute une fonctionnalité dont le jeu aurait mieux fait de se passer. J'vous la fais courte : il vous faudra 5 rdv où vous enchaînerez cadeaux, sorties aux bars, activités et restau - que bien évidemment vous payerez de votre poche - et confidences ou plutôt fausse promesse sur votre fidélité pour pouvoir serrer. Au bout de ces 5 rdv, votre proie deviendra votre "petite amie", ce qui vous donnera le droit de... lui écrire un texto pour jouer aux fléchettes / faire une course de drone / une partie de poker, sans aucun échange et en rentrant chacun chez soi juste après. J'sais pas vous mais moi j'appelle ça de la friendzone, et encore... Au final, les petites amies n'apportent rien d'autre que des dépenses qu'on préfère très vite éviter quand on connaît le prix d'une trousse de secours. Et on peut même pas se faire cramer en pleine infidélité dans la rue !
Ya pas un code Rosebud ou Motherlode ?
Parlons peu, parlons fric ! L'argent part très très vite dans Judgment. Sans blessures mortelles, vous pourrez récupérer la totalité de votre santé en mangeant des tonnes de ramens pas chers chopés en supermarché ou en allant au restau. La dernière solution est plus sympa, ça fait saliver en regardant la carte et ça permet au passage de créer du lien et d'améliorer votre réputation dans la ville.
Mais en cas de blessure mortelle infligée par certains gangs armés ou boss de missions, c'est un peu plus compliqué. Dans ce cas, vous n'aurez pas d'autres choix que d'aller chez votre ami médecin. Une trousse de secours large vous coûtera 110 000 yens, soit le prix d'une ou deux missions secondaires. Un soin de récupération ne coûte heureusement que 20 000 yens. Le souci c'est que pour ce dernier il faut à chaque fois se taper le trajet jusqu'au médecin et qu'au retour vous avez plutôt intérêt de prendre le taxi si vous ne voulez pas y retourner. Plus d'une fois, rentrant tout fier d'une mission de filature où vous aurez gagné 100 patates, vous prierez pour ne pas croiser un gang muni de pistolets ou autres armes mortelles, au risque de devoir y retourner et vous retrouver de nouveau dans le rouge. Vous l'aurez compris, c'est sans fin !
D'autant plus que les gangs sont très nombreux. Trop nombreux. Vers les dernières heures de jeu il est quasi impossible de traverser une rue sans se faire emmerder au moins une fois. Il vous reste alors deux options, fuir honteusement le combat comme le gros lâche que vous êtes, ou vous battre et prendre le risque de devoir utiliser une trousse que vous réserviez à une mission principale. Heureusement, au cours du jeu, Tak découvre enfin l'intérêt de ramasser des vieux déchets dans toute la ville depuis le début du jeu : pouvoir confectionnner des potions pour faire des attaques spéciales, ou pour pouvoir temporairement passer incognito dans la rue. Amen !
Amitiéstostérone
Malgré tout ces défauts, Judgment reste hautement addictif. C'est un peu comme le tonton Jacky qui fait des blagues super relous mais qu'on aime quand même. Je critique beaucoup, mais ce que vous ne savez pas encore c'est que j'y ai joué près de 45h ! Il jouit donc d'une excellente durée de vie et le temps file tout seul ! Outre son ambiance très réussie, ses missions secondaires funs et ses combats jouissifs, la trame principale du jeu est bourrée de rebondissements nous tenant en haleine du début à la fin. Certains retournements de situation ont beau être prévisibles, on prend un énorme plaisir à voir l'enquête avancer et le combat final se rapprocher.
Et les personnages secondaires y sont pour beaucoup : à commencer par le collègue et meilleur ami de Tak, Kaito, ancien Yakuza banni de la famille Matsugane. Le duo Tak - Kaito fonctionne à merveille et ne va pas avoir d'autre choix que de se trouver d'autres alliés. On prend plaisir à regarder une bande de copain improbable mais solidaire et attachante se former sous nos yeux. Pour la première fois, Takayushi et ses meilleurs ennemis ont un ennemi commun, et comme nous qui sympathisions avec nos voisins il y a encore quelques semaines face à l'ennemi invisible, c'est fédérateur !
En bref, si vous cherchez un jeu pas prise de tête, si vous êtes en manque d'humour, de voyage, d'amitié et de testostérone, Judgment est fait pour vous !
Un bon p'tit jeu de l'été ! Frais, drôle et plein de testostérone ! J'dirais pas que c'est un nanar, mais presque. Un BON nanar !
Les plus :
- Une DA digne du cinéma
- Des personnages ultra attachants
- Un scénario haletant
- Des phases de gameplay ultra variées
- Un aller retour gratos pour le Japon
Les moins :
- Ahhhh le sexisme nippon
- Quelques mécaniques de gameplay un peu lourdes
- On peut pas se taper des putes
- Trop de fight tue le fight..
- Tout coûte trop cher enfoirés de capitalistes
- Avoir une petite amie ne sert à rien